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Guillaume Gytier

Guillaume Gytier est né à Gand le 11 février 1819. En 1843, il épouse à Tournai Sophie Vion, couturière. Lui-même est vitrier. En 1851 -et probablement avant cette date- il tient au 20 de la rue Saint Piat un magasin de vitres, miroirs et encadrements. En août 1854, il déménage son commerce au 9 de la rue de Paris.

 

Premiers pas vers la photographie

L’année 1858 croise pour la première fois les chemins de la photographie et du commerçant : parmi les nombreux articles de son magasin, Gytier vend des stéréoscopes et des vues stéréoscopiques, ces doubles photos qui donnent l'impression de relief lorsqu'elles sont visionnées par un appareil spécial, le stéréoscope.
En 1858 et 1859, il expose des portraits effectués par Ferdinand Lejeune, un photographe itinérant de passage à Tournai.

 

L’atelier photographique

L’atelier « Gytier, frères » voit le jour en septembre 1862. Pour l’occasion, les nouveaux photographes ont suivi les cours d’un opérateur bruxellois. Le magasin de glaces et miroirs, attenant au studio, propose également un large assortiment d’articles de photographie.
En décembre 1862, le studio en pleine expansion s’attache les services d’un opérateur de Berlin. Celui-ci dispense aussi des leçons de photographie à l’attention du public. La dénomination commerciale de l’atelier se change en « Gytier, père et fils ».
L’identification des associés de Gytier s’avère difficile. Aucune indication ne permet de désigner précisément le frère ou le fils. Pour ce dernier, s’agirait-il de son fils aîné, dénommé lui aussi Guillaume et qui n’aurait alors que 16 ans ? Ou alors d’un beau-fils, qui ouvrira en 1864 un autre magasin de glaces et miroirs ? Ces questions restent ouvertes.
Dans le courant de 1863, des succursales s’ouvrent à Ath et à Leuze. A partir d’octobre, Guillaume Gytier reprend le studio à son seul nom et collabore avec un nouvel opérateur venu de Paris.
Pratiquement, son atelier permet la prise de vue par tout temps, de 9h à 16h. Les clients peuvent en outre se changer dans une pièce séparée.
Gytier propose ses photographies sur papier, toile, émail ou verre, ainsi que des portraits peints à l'huile. Il opère aussi à domicile. Son offre s'étend aux groupes, aux portraits post-mortem, aux reproductions de tableaux. Esthétiquement, ses photos-cartes adoptent les caractéristiques en vigueur à l’époque: dans un décor minimaliste constitué par une tenture ou une toile peinte, ses sujets posent dans des attitudes convenues.

 

Une activité secondaire

Après des débuts prometteurs, l’activité de l’atelier semble marquer le pas. Dès 1864, les mentions des succursales disparaissent et dans les années suivantes, les publicités du photographe s’espacent de plus en plus dans la presse locale.
La raison de cette activité en dents de scie s’explique assez aisément. D’une part, Gytier n’a jamais abandonné l’exploitation de son commerce. Au contraire, il élargit son assortiment avec des articles si divers qu’il transforme son magasin en boutique de bric à brac. D’autre part, à la différence de ses concurrents directs, il ne maîtrise pas toute la technique photographique. Sans ce savoir-faire indispensable, il fait appel à des opérateurs externes et dépend donc de ces derniers pour la production de photos.

 

Retour au commerce initial

Les affaires reprennent en 1867 et 1868, quand Gytier s’adjoint les services d’un opérateur parisien. Il étend également sa plage horaire de prise de vue de 8h à 17h. Mais ce regain d’activité sera de courte durée. En septembre 1869, Prosper Deloeul, photographe à Bruxelles, reprend à son compte la production de l’atelier. Gytier devient alors simple démarcheur avec pour mission de fournir une clientèle au photographe.
Cette nouvelle fonction met un terme aux activités photographiques de Gytier, si l’on excepte une promotion commerciale originale lancée en janvier 1873 : le négociant propose des portraits-cartes à ses clients lors d’achats importants.
Par la suite, le commerce prendra plusieurs dénominations : « Au buffet d’or », « Au bazar de Bruxelles », « L’épargne publique ». Gytier, veuf en 1873 et remarié en 1874, restera quant à lui actif dans le monde des affaires jusqu’en 1886.

 

Sources

• Archives de l’Etat
• Archives du "Courrier de l'Escaut"
• "René Desclée, photographe tournaisien : 1868-1953", Bernard Desclée, Archéologie industrielle de Tournai, 1988, pages 33 à 37
• "Directory of Photographers in Belgium 1839-1905", Steven F. Joseph / Tristan Schwilden / Marie-Christine Claes, de Vries-Brouwers, 1997
• Etude personnelle de la production de Gytier

 

        

© Rigaut Eric -