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Alfred Carlier

Alfred Carlier est né à Tournai, en 1879. Ses parents exploitent le commerce de produits chimiques « A l’éléphant » situé au 16 de la rue du Bourdon Saint-Jacques. A la mort de son père en 1890, sa mère reprend la direction du négoce. En 1898, elle ouvre au 20 de la même rue le « Comptoir général de photographie » spécialisé dans la vente d’articles photo. Est-ce cet environnement qui oriente le choix professionnel du jeune Carlier ?

 

A la tête d'un commerce moderne et diversifié

En juillet 1901, il s’installe dans l’atelier d’Emile Gliot, éphémère successeur de l’ancienne maison Hannet. Carlier exploite l’affaire sous la dénomination « Carlier frères ».
L’essor du commerce ne commence réellement qu’en 1903. En début d’année, le photographe abandonne la dénomination des frères associés et reprend l’enseigne à son seul nom. En bonne logique marchande, il transfère dans son magasin les affaires du « Comptoir général de photographie » jusqu’alors géré par sa mère.
Cette dernière continue néanmoins de diriger la boutique « A l’éléphant » de la rue du Bourdon Saint-Jacques. On y trouve notamment de l'outillage et des panneaux de bois coloniaux, mais aussi des cartes postales ou encore du matériel photographique.
Le commerce d'Alfred Carlier repose quant à lui sur deux secteurs d'activité : le premier s'appuie sur l'atelier de photographie, la vente de cartes postales et d’articles photographiques. Le second pilier concerne le domaine audiophonique : Carlier comprend le futur potentiel des nouveaux media sonores et garnit ainsi ses rayons de gramophones, disques et cylindres.
En 1905, il annonce à sa clientèle qu’il dispose des clichés réalisés par d’anciens photographes, en vue d’éventuels retirages. Le fonds qu’il possède alors comprend les remarquables productions de Brackelaire et d’Hannet, mais aussi celles de Froment, Steinier, Leyniers et Gliot.
L’année 1905 marque aussi les débuts de son activité d’éditeur de cartes postales. Carlier deviendra d’ailleurs, dans les années qui suivent, le plus important éditeur tournaisien de cartes postales.
En avril 1906, la façade du magasin fait peau neuve. En plus de cette transformation, Carlier rebaptise l’enseigne. Désormais, le magasin sera connu sous le nom sonnant et moderne de « Phono-Photo ». C’est également sous cette appellation qu’il ouvre une succursale à Péruwelz en 1908.
En 1913, il enrichit encore ses nombreuses archives en reprenant les clichés des anciennes maisons Colbert et Van de Cruys.
En avril 1914, son frère Louis se lance à son tour dans les affaires : il ouvre un atelier de photographie au 29 de la rue Royale, à deux pas de Jules Messiaen, un confrère bien connu des Tournaisiens. Louis Carlier y est associé avec sa femme, Olga Pletinckx qu’il avait épousée en 1907.

 

Entre-deux-guerres

Alfred, quant lui, cesse l’édition de cartes postales mais crée un nouvel espace photographique : le « Garden photo », studio de plein air situé à la drève de Maire.

 

Fin brutale

La maison « Phono-Photo » subsiste jusqu’en mai 1940, date des terribles bombardements qui anéantissent le magasin et toutes les inestimables archives qu’il abrite. Alfred Carlier, inquiété après guerre pour faits de collaboration, décède en 1956.
De par la longévité de son activité, l’édition de nombreuses cartes postales et l’abondance de sa production photographique, Carlier laisse de multiples souvenirs dans les foyers tournaisiens. Au même titre que Brackelaire ou Messiaen, il marque de son empreinte le paysage de la photographie professionnelle locale.

 

Sources

• Archives de l’Etat
• Archives du "Courrier de l'Escaut"
• Répertoire professionnel de Tournai - 1906
• "La carte postale raconte Tournai", G. Demeulemeester et S. Le Bailly de Tilleghem, Archéologie industrielle de Tournai, 1982, pages 18 à 20
• "L'art funéraire en Hainaut occidental", Jacky Legge, Hainaut Culture et Démocratie, page 116
• Etude personnelle de la production de Carlier

 

        

© Rigaut Eric -